Dans la chambre aux néons rouges

dans la chambre aux néons rouges
j’additionne
rouge ma langue qui se tapisse en silence
rouge ma solitude ancrée dans les portes
rouges mes yeux de sels
j’ajoute
aux couleurs des armistices
aux douleurs des tiroirs-caisses

dans la chambre aux néons rouges
je fais rouler les perles du boulier
une amour morte + un trajet d’avion
un départ précipité + une famille ratée
un gain de cause – une mort lente
une habitante divisée par des amours nomades

dans la chambre aux néons rouges
je recommence à zéro
pas de nuées pas de brouhaha
je farfouille dans les fonds défaits
derrière mes ongles de mensonges
derrières mes bleus-verts amortis

dans la chambre aux néons rouges
je cherche ma sexualité
mon désir brut
un toi
n’importe qui
pourvu que

dans la chambre aux néons rouges
je m’additionne
d’hier à hier à moins tard à pas plus tard
à chaque seconde-rayure
marie tu te barres
barré comme rayé
crayonne sur ton prénom et ton torse
une fille écrit insolente sur ton torse
avec du rouge à lèvres
le rouge à lèvres s’étale
sur des yeux sur des lettres
sur ta peau et ton prénom
des croix à emporter

dans la chambre aux néons rouges
plus que demain je redoute
remonter le contre-jour

dans la chambre aux néons rouges
je refuse
un au-revoir manqué
un lendemain de veille promis
un désir nul
une pensée promue

les échos de la douche s’effondrent dans ma peau
ceux des voix qui tremblent mon insomnie
et un matin injuste se lève
dans la chambre aux néons rouges

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